Remontons aux débuts de l’histoire de l’humanité, ou devrais-je plutôt dire redescendons aux origines. Dire que nous remontons aux origines alors que l’évolution de l’humanité est ascendante, cela paraît contradictoire. C’est à croire que nous avons déjà poussé la pierre de Sysiphe au sommet de la montagne. Le passé ne se trouve-t-il pas à la cave ? Nos morts sont sous terre, les civilisations sont ensevelies, les fossiles se déterrent, alors pourquoi ne dit-on pas que nous redescendons aux origines ?

Parmi les créatures ayant habité et habitant la terre, l’homme est sans aucun doute la plus vulnérable. Même le plus petit des insectes a toujours été capable d’assurer sa survie mieux que  ne l’aurait pu le néandertal. Physiquement, l’homme était exposé à bien plus fort que lui. Mais voilà, la nature l’a doté pour sa survie d’un instrument bien plus développé que chez n’importe quel autre créature terrestre  : la conscience. Et je parle bien d’un instrument bien plus développé, ce qui par conséquent ne signifie pas que les autres créatures en fussent dépourvues. Seulement l’homme, contrairement aux animaux, n’a cessé d’évoluer et ce, à une vitesse fulgurante. Les animaux eux, sont dotés d’un instinct qui une fois acquis, n’évolue plus. Ils vivent en symbiose avec leur environnement et s’y adaptent au rythme de la nature, très lentement sur des millions d’années pour certaines espèces. Sa conscience a permis à l’homme d’améliorer ses techniques de survie. Et si la nature lui a fait don d’une telle faculté, c’est parce qu’il n’aurait eu aucune chance de survivre aux bêtes féroces ni même aux insectes, aussi petits fussent-ils.

Sa conscience supérieure lui permit de s’adapter à son environnement, tant et si bien qu’il finit même par le dominer. Dès lors, l’espèce humaine représentait un danger pour toutes les autres espèces. Heureusement que la nature fait bien les choses et  pour éviter qu’il n’anéantisse toutes les autres formes de vie, la nature l’en rendit dépendant. Après la cueillète et la chasse, l’homme apprit à cultiver la terre et à apprivoiser les bêtes. Tout aurait pu être pour le mieux dans le meilleur des mondes à ce stade.

Mais l’humanité ne cessa de croître et de croître. C’est alors que cet environnement, puisqu’il en dépendait, devint une véritable richesse. Les hommes l’envièrent plus que tout et finirent par se la disputer. C’est ainsi qu’il commença à devenir une menace pour les autres et lui-même. Puisqu’il avait appris à maîtriser son environnement et les éléments, et même à s’en protéger, qui aurait alors pu arrêter ou du moins réguler sa population qui menaçait de rompre l’équilibre naturel entre les espèces vivantes.

La création n’a pas prévu, du moins jusqu’à ce jour, une espèce plus avancée que l’homme pour l’apprivoiser. Ou peut-être que si ! Les Chinois ? Bientôt l’histoire nous le dira.

Il y a bien des choses contre lesquelles l’homme ne peut rien, mais une catastrophe naturelle d’une ampleur telle, qu’elle aurait éradiqué l’intégralité de l’humanité n’est pas arrivée à ce jour. Aucun virus n’a encore réussi à décimer les 7,8 milliards d’organismes que nous sommes. Les quelques 8 milliards de cellules qui constituent l’organisme humain sont atteintes d’une maladie auto-immune et en s’entretuant, tuent également l’organisme qui les héberge. La vie opère de l’intérieur et tue dans l’oeuf. Je ne pense pas que ce soit le but de la nature d’exterminer l’homme. Non ! L’homme, s’il a une fin, sera spirituelle ou engendrée par lui-même.

Dans le premier cas, cela proviendra du fait qu’il aura développé sa conscience jusqu’à atteindre la pleine conscience, ce qui du coup rend le corps, la matière, la réalité caduque. La matière n’existe que parce que la conscience est condamnée à prendre conscience d’elle-même. Si elle ne quittait pas l’état de pleine conscience, elle serait incapable de prendre conscience de sa propre existence. Elle a besoin de sortir de son état originel, donc de s’extérioriser et de se formaliser pour se réaliser. Une fois qu’elle s’est pleinement réalisée, c’est-à-dire qu’elle a tout extériorisé et tout ré-assimilé, elle retrouve son état originel de pleine conscience immatérielle. La fragilité du corps humain témoigne de son état de conscience plus avancé car plus la conscience est élevée, plus la matière se désolidarise. En lieu et place d’un corps ultra performant, l’homme dispose d’une conscience et sa toute puissance laisse à penser qu’elle est bien plus efficace que la matière.

Dans le second cas, et l’actualité tend à nous faire croire que c’est la voie que l’homme a choisie, il périra de sa propre main : en détruisant, en anéantissant tout ce dont il dépend justement parce que cela lui est si cher. Par son avidité, il provoquera son propre déclin. L’avidité désigne la qualité de quelque chose de contraire au vide, avec le suffixe “ité” = qualité de, et le préfixe “a” = sans. Ce besoin d’amasser une fortune matérielle est proportionnel au vide intérieur refoulé et tenu en échec. C’est là aussi un cercle vicieux : le mal intérieur grandit à mesure qu’il est compensé. L’avidité est un vide extériorisé à travers son contraire.

L’homme pourra être fier de lui. Mais quelque part, il est fidèle à sa nature et la nature est paradoxale par nature. C’est précisément l’être doué du degré de conscience le plus élevé qui en fait le pire usage.

Ce n’est pas une fatalité, c’est un choix que d’engendrer sa propre perte. L’homme peut à chaque instant changer le cours des choses et s’il ne le fait pas, c’est qu’il a une bonne raison de le faire. Aussi douloureuse soit-elle. Jamais les animaux ne provoqueraient leur propre extinction. L’équilibre néanmoins est régulé par les prédateurs chez eux et chaque animal en a au moins un. C’est dans la nature des choses. Mais l’homme ? Quel prédateur serait suffisamment menaçant pour réguler sa population mondiale ? Étant le dernier maillon de la chaîne de la conscience, il semblerait qu’il fut d’emblée condamner à être lui-même son pire ennemi. La vie est vouée à la mort et puisqu’aucun prédateur n’est capable d’en venir à bout, l’homme se charge lui-même de sa disparition. Quoiqu’il détruise la terre qui le nourrit, il n’entraînera pas toute la vie et toute sa diversité dans sa chute. La terre et de multiples espèces vivantes lui survivront longtemps après son extinction. Il est comme je le disais le dernier et le plus jeune maillon à être arrivé ici-bas. Par conséquent il sera le premier à en sortir. Son apparition sur cette terre aura servi à la conscience à se réaliser. Il fallait bien que quelqu’un puisse expliquer la vie et cette tâche fut attribuer à l’homme au prix de son auto-destruction. Elle aurait juste pu mettre plus de temps et induire moins de souffrances.

L’instinct animal semble plus vertueux que tout notre savoir. Un savoir sans connaissance est dépourvu d’intelligence. Sans intelligence l’érudition est bien rudimentaire. L’intelligence se nourrit d’intuition. Pas étonnant donc qu’on en soit arrivé là puisque l’homme ne l’écoute pas. Elle lui aurait permis, comme les animaux, d’évoluer lentement, en symbiose avec son environnement. Peut-être que la conscience, si proche du but, a perdu patience et a voulu précipiter les choses vers la mort pour redevenir entière. Après l’homme, la matière disparaîtra à mesure que la pleine conscience reperdra conscience. La matière se désolidarisera et l’univers tout entier sera à nouveau aspiré dans le trou noir universel. Après l’expiraion, l’inspiration. Son noyau deviendra si dense qu’il finira par engendrer un nouveau big bang. À compter d’aujourd’hui, on peut espérer se revoir dans quelques 24 milliards d’années.

UN si SOI IL