Des jours comme aujourd’hui, j’en viendrais presque à vouloir ignorer tout de ce qui se trame dans ce monde violé, abusé par une poignée de fous à lier. Mon corps me parle, il me fait mal, le dos, les épaules, les bras. Mes forces physiques m’abandonnent, mon corps réclame de l’exercice, du mouvement. Mais voilà, depuis sept, bientôt huit mois, les piscines sont fermées. Alors que l’ancien monde s’effondre, il règne un silence suicidaire. Je le ressens dans mon corps immobile, crispé, aux aguets, attendant l’acte final de cette satanée mise en scène. Les bassins sont vides, les cris des enfants se sont tus, ils ne font plus la queue au toboggan pendant que papa fait ses longueurs.

Je ne suis pas abattu, je n’ai rien perdu de ma force psychique et ils ne la briseront jamais. Plus ils persistent, plus je suis fort mentalement. Tant que je serai en vie, jamais leur saloperie ne coulera dans mes veines. Mon magnétisme est spirituel, mon immunité, naturelle et pas auto-proclamée. Ma force est intérieure, mon empathie authentique. Ma censure ne s’applique qu’à mes envies de meurtre, mes ambitions sont louables et ma soif, de connaissance.

Pourquoi alors souhaiter retomber dans l’ignorance ? Bien sûr, c’est une pensée passagère qui naît de la colère que je parvient généralement à canaliser, sauf quand mon corps me fait mal justement. Et puis, il en va de ma santé psychique de l’exprimer, de la crier et même de leur souhaiter une mort atroce. Une fois cette colère exultée, je retrouve toute ma sérénité. Mon mal se dissipe car j’évacue la haine qui m’empoisonne autant qu’elle est fondée.

Ceux qui ont tout compris, ceux qui savent ce qui se trame véritablement, qui connaissent les intentions perverses et effectivement inimaginables pour les plus éveillés d’entre nous (mais aussi et surtout pour les ignorants), ont bien du mal à tolérer encore plus longtemps ces usurpateurs qui ne les trompent plus. Tout cela parce qu’une majorité refuse obstinément et jusqu’à le payer de sa vie, d’admettre ce mensonge sans précédant.

Bien heureux les simples d’esprit, mais l’ignorance n’est pas innée. Elle se cultive. Notre âme se réincarne monnayant une chose : l’oubli. Pas l’ignorance, mais l’oubli. Rien n’est gratuit dans ce monde. Tout se paye. Nous oublions ce que sait le passé et l’avenir nous le dira. Il sait tout puisque les expériences à venir sont un passé en puissance et le passé, un puits sans fin. L’avenir ad-vient, le passé de-vient. L’oubli est chargé de souvenirs, ceux-là mêmes qui nous ont servi de monnaie d’e-change pour quitter le Bardo. Nous nous sommes ainsi acquitté de cette dette auprès d’un tiers exclu. Ne sachant plus ce que nous a coûté la vie, nous en ignorons la valeur. Le tiers exclu lui, n’en ignore rien puisqu’il détient nos souvenirs. Mais il veille à ses comptes et entend bien les faire fructifier. L’ignorance ne pouvant être vaincue que par la restitution des souvenirs, le tiers exclu, en bon percepteur, en monnaye l’e-change et c’est la vie qu’il nous en coûtera. Mais par la même, nous récoltons la monnaie de notre pièce.