Quel terrifiant paradoxe que celui d’une société atomisée uniformisée et d’une société solidarisée individualisée.
L’uniformité d’une société atomisée consiste en ce que tout le monde a peur de tout le monde. Cette peur est exacerbée puisque l’individu ne sait plus pouvoir compter sur qui que ce soit. Aussi se met-il au pas, il se synchronise. La masse devient uniforme et donc identifiable et prévisible. Une bonne chose pour qui craint pour sa petite personne.
Dans une société solidaire, l’individualité est garantie par la liberté collective. C’est en reconnaissant à la collectivité les libertés dont il souhaite jouir que l’individu peut lui-même en jouir. Il est indispensable que tous jouissent des mêmes libertés pour que les libertés individuelles soient préservées. Ce type de société est empreint d’une très forte propension à la tolérance.
Il est assez troublant de constater que dans les deux cas, l’individu veille avant tout à soi. Sans doute est-ce humain. Quelle objection pourrait-on d’ailleurs émettre lorsque cela contribue à la liberté collective dans une société solidaire ? Le malentendu dans le cas d’une société uniformisée réside dans la confusion entre liberté et sécurité. En effet, dans ce second cas, l’individu ne craint pas pour ses libertés mais pour sa sécurité. Et la liberté revendiquée par autrui est ressentie comme une menace à sa sécurité. Vivre en sécurité n’est pas une liberté, par contre chacun est libre de veiller à sa propre sécurité.
L’intégrité individuelle est garantie par l’éclectisme de la collectivité.
L’aliénation individuelle résulte de l’éclatement de la collectivité.
Dans les deux cas pourtant, les individus jouissent tous des mêmes droits. Reste à savoir dans quelle mesure et sous quelles conditions.
Uniformité égale éclatement – Solidarité égale éclectisme